SOUVENIRS D'ENFANT - Chapitre 2 -
LA CHEVRE
Elle l'avait "toujours connue" la biquette blanche. Le matin, elle trouvait dans son lait tiède à l'odeur forte, de longs poils blancs qu'elle enlevait du bout des doigts. Bien souvent, elle allait chercher sur sa langue un poil oublié et cela l'écoeurait !
Mémé, son arrière grand mère, un sourire aux lèvres, lui racontait que toute petite déjà, couchée dans l'herbe sur le dos, elle buvait au pis de la chèvre et qu'à cette époque elle était moins difficile ... !
LA CORVEE DU LAIT
A la tombée du jour, elle devait aller chercher le lait de vache à la ferme à près de 2 km aller/retour. Dans un nuage de moustiques qu'elle chassait d'une main, l'autre portant le pot à lait, elle marchait sous les tilleuls odorants d'un pas pressé. Elle n'aimait pas ce chemin à cette heure ! En pénétrant dans la ferme, elle prenait un air dégouté en respirant l'odeur forte du fumier et des cochons mais dès qu'elle entrait dans la cuisine rutilante, elle était fascinée par la cuisinière à charbon à la façade en carreaux de faïence blanche à dessins bleus et par la barre de cuivre qui brillait au soleil couchant. Sur le chemin du retour, le pot pesait mais elle avait "des ailes" tant sa hâte de rentrer était vive !
Elle ressemblait à ça mais rutilante de cuivres !
LES CHAMPS DE LUZERNE
Elle adorait cette couleur et ne comprenait pas qu'une si jolie fleur soit réservée aux repas des chevaux et des vaches ?!
LE JARDIN POTAGER
Elle était habillée en semaine d'un petit tablier à carreaux, noué dans le dos, bien propre le matin et bien sale le soir ! Son grand père jardinait le samedi après-midi, son béret enfoncé sur la tête, sa taillole (ceinture de flanelle) autour des reins et sa bêche au pied. Il tirait des cordeaux pour planter des patates ou des poireaux et elle était fascinée par ses gestes précis.
Elle regardait bien car elle était curieuse de tout. Elle posait des questions et babillait avec lui, toute heureuse d'être là, simplement. De temps en temps, il sortait un mouchoir à carreaux violet de sa poche et s'essuyait le front. Elle n'aimait pas les mouchoirs : c'était sale et quand elle tombait et se blessait les genoux (assez souvent !), sa grand mère sortait un mouchoir de sa poche, le mouillait de sa salive (beurk !) et essuyait la plaie.