SOUVENIRS D'ENFANCE – Chapitre 8 -
Ballade à Paris
Mémère avait besoin d'acheter certaines choses « à la capitale » ! Ce jour là, elle s'habillait "chic". Elle mettait son porte-jarretel et je l'observais quand elle glissait le bas nylon dans l'attache : je trouvais cela bien compliqué ! Elle se coiffait d'un béret qu'elle posait de guingois sur ses beaux cheveux argentés légèrement teintés de bleu et y accrochait une épingle. Elle mettait exceptionnellement un peu de rouge à lèvre et de poudre de riz et je la trouvais belle. Gants et manteaux enfilés, nous partions d'un pas alerte pour l'arrêt d'autobus qui nous déposerait sur la grande place du château où se trouve encore la gare de Saint Germain-en-Laye.
J'étais si excitée à l'idée de prendre le train que je gigotais sur mon siège et cela agaçait ma grand-mère ! Elle achetait les tickets et me laissait les donner au contrôleur pour le poinçon.
Dans le compartiment, l'odeur particulière des moyens de transport en commun est encore gravée dans ma mémoire. Elle est identique de nos jours et je la retrouve à chaque voyage. Assise sur ma banquette, les jambes pendantes, je ne perdais rien du paysage.
Les roues du train faisant un bruit régulier et je les « chantonnais » dans ma tête. Quand nous passions sur les bras de la Seine (deux fois aller et deux fois retour, youpie !), je regardais, fascinée, ces longues bandes d'eau pleines de reflets et les péniches amarrées sur les bords. Cet fascination m'habite toujours.
Enfin, nous arrivions à la gare Saint Lazare ! Je la trouvais triste à l'époque car trop sombre et avais hâte d'en sortir.
Nous descendions les marches du grand escalier et nous dirigions vers le boulevard Haussman. Mémère serrait ma main très fort dans la sienne de peur de me perdre ! Elle s'arrêtait toujours devant les stands des marchands ambulants qui vantaient la voix forte leurs produits. Elle se laissait tenter chaque fois pour une peccadille et se moquait d'elle même au retour.
J'aimais regarder les vitrines et surtout celles des grands magasins.
Nous allions principalement au Printemps (peut être parce que ma mère y avait travaillé jadis ?). Je m'amusais beaucoup en montant les escalators.
Mais le moment le plus exquis était celui du goûter que nous prenions, comme un rite, sous le dôme du Printemps au dernier étage. Pour admirer la coupole multicolore, j'attrapais le tournis à force de lever les yeux en l'air !
Puis c'était le retour et j'avais la tête pleine « d'images » que je racontais à mes copains le lendemain...