MINE DE LA GARONNE
Passionnée par les pierres, une visite à la mine de la Garonne s'imposait !
Les Haldes, la plage du Pradet et le Coudon survolés par les Canadairs (explications plus bas XXX).
Les Haldes (de l'allemand "halde" = colline) résultent de l'amoncellement des déchets de triage et de lavage du minerai de cuivre près de l'entrée principale de la mine (côté nord). Ces déblais, qui constituent des zones dénudées, ont engendré - en raison d'une forte concentration en cuivre et en plomb - une pollution toxique pour les végétaux. Seuls quelques chênes-liège et une plante résistante (Arméria bupleuroïde) ont pu s'y développer. Sur le versant opposé, on peut observer le tracé de l'ancienne voie ferrée créée par les Chemins de Fer de la France et qui a fonctionné seulement de 1904 à 1917 (VOIR PHOTO MAËLIA CI-DESSUS).
Arméria bupleuroïde
XXX : alors que nous roulions sur la route menant de La Garde au Pradet, nous avons vu de la fumée sur notre gauche et de hautes flammes à peine à une dizaine de mètres de la voiture ... Des gendarmes étaient déjà là mais pas de pompiers : le feu débutait à peine. Nous avons continué notre ascension vers la colline de la Garonne où nous avons pu admirer les Canadairs en action. Le feu a été circonscrit en quelques voyages et aspersions d'eau de mer !
Au ras de l'eau : le plein et hop, c'est reparti !
Cette libellule n'en est pas revenue (Maëlia non plus !).
ENTRONS DANS LA MINE =
Partout ici, les dérivés du cuivre : laiton (+ zinc), bronze (+ étain), maillechort (+ nickel et zinc), bouillie bordelaise (20% de cuivre + du sulfate de cuivre neutralisé à la chaux éteinte soit 80% de sulfate de cuivre, etc ....).
Un petit arrêt à la boutique ... pour le plaisir des yeux ...!
COMMENCONS LA VISITE =
Nous n'avons vu que cette infime partie de la mine !
La légende est charmante mais est-elle vraie ? Qu'importe, je vous la narre : il était une fois un pauvre potier qui faisait paître ses chèvres dans la colline. Un jour, une biquette tomba dans un trou profond et le potier descendit secourir la pauvre bête. Là, dans les ténèbres d’une grotte, il vit briller un gros rocher qu’il rapporta à la ville. Lorsque l’on sut que la roche contenait de l’or, les passions s’enflammèrent. La légende de la mine de Cap Garonne venait de voir le jour.
1857
Messieurs Layet et Martel qui sont marseillais et négociants en charbon demandent l'autorisation d'exploiter une carrière de pavés de grès à Cap Garonne. Le maire de la commune de la Garde (le Pradet n'existait pas encore, c'était un quartier de la Garde qui prendra son indépendance en 1894), monsieur Marius Olive, s'aperçoit que les matériaux extraits contiennent du cuivre et du plomb. Il demande une indemnisation financière de 3000 francs or et, en échange, il donnera son avis favorable à la demande de concession minière de Layet et Martel.
1862
Autorisation par Napoléon III pour une concession de cuivre et de plomb.
Les premiers mineurs sont des italiens spécialisés dans le travail minier. La main-d'œuvre non spécialisée est recrutée parmi la population locale. Elle occupe les postes de chargeur, trieur, rouleur. Pour forer un trou de 60 cm, les mineurs étaient deux et il fallait 8 heures de travail à l'aide d'un fleuret et d'une masse. Les fleurets étaient remplacés dès qu'ils s'émoussaient et des enfants assuraient les allées et venues entre la forge et les mineurs.
Le minerai extrait est trié par les femmes sur le carreau de la mine pour être envoyé à Swansea (un port du pays de Galles) afin d'y être traité. Swansea étant à l'époque le premier centre européen de traitement métallurgique du Cuivre. La teneur en cuivre à Cap Garonne est faible (3 à 8%) et, en France, on ne savait pas traiter les minerais pauvres. De plus les taxes de douane vers l'Angleterre sont supprimées, cela explique le choix d'une expédition aussi lointaine.
Rapidement Layet et Martel se rendent compte que la mine n'est pas rentable car les coûts de transport sont trop élevés. En effet le minerai trié est chargé sur des charrettes qui descendent à la plage de la Garonne. Il est embarqué sur des tartanes allant à Marseille d'où il repart sur des cargos en direction de Swansea.
1873 Rachat de la mine par un anglais, M. Unwin. La reprise de l'exploitation correspond à une période de remontée du cours du cuivre. Il sera le seul concessionnaire à rentabiliser la mine. Il a dressé des plans de la mine, élargi et surélevé les galeries et a diminué les frais de personnel. En 1877, se produit la rencontre avec une grande faille qui provoque un net ralentissement de l'exploitation. 1884 Arrêt de la concession anglaise. La mine va fermer ses portes pendant 8 ans.
1892
Reprise de l'activité avec le rachat de la mine par M. Roux. Il est le premier à envisager le traitement sur place du minerai pauvre par voie humide pour faire du sulfate de cuivre. Celui-ci servira pour la fabrication de la bouillie bordelaise (la viticulture étant en pleine expansion dans la région). Mais la mine n'est toujours pas rentable. 1899 Rachat par la Société des Mines de Cap Garonne. Elle va tout d'abord essayer avec 60 ouvriers d'extraire du minerai avant de produire du sulfate, mais c'est à nouveau un échec.
1903
Rachat de la mine par MM. Enderlin et Roche qui mettent beaucoup d'espoir dans la construction de la ligne de chemin de fer Toulon-Hyères. Ils négocient la réalisation d'un embranchement de 4 km 300 qui dessert la mine. Ils pensent ainsi diminuer le coût d'envoi du minerai en l'acheminant directement par train jusqu'à Marseille. Hélas ils ne trouvent pas preneur, la teneur en cuivre du minerai étant trop faible. Ils passent alors un contrat avec un ingénieur allemand pour la construction d'une usine servant à la fabrication du sulfate de cuivre. Malheureusement ils se heurtent à de nombreux problèmes techniques. La roche étant trop dure elle endommage les broyeuses de l'usine. C'est donc un échec et ils abandonnent l'exploitation en 1907. La mine ferme pendant 9 ans. 1916 Dernier concessionnaire : M. Bolo Pacha. C'est un aventurier au long cours qui a écumé le monde entier en se faisant épouser de dames très fortunées. Fortune faite, Bolo Pacha vient en Provence où il rachète la mine par l'intermédiaire de M. Geydon de Dives. Mais il ne va l'exploiter, avec l'aide de 120 ouvriers, que jusqu'en Octobre 1917, date à laquelle on lui confisque
ses biens. Il est arrêté et condamné à mort pour intelligence avec l'ennemi. Il sera exécuté en avril 1918. L'histoire dit qu'il parcourait la colline à cheval, qu'il rentrait dans les galeries de la mine et, qu'arrivé à la falaise, il indiquait par des signaux lumineux aux bateaux allemands qui étaient au large la position des bateaux français dans la rade de Toulon .
3 octobre 1917
Arrêt définitif de l'exploitation.
1933-1956 Grâce à son climat humide et tempéré, la mine de Cap Garonne devient une champignonnière. Elle fonctionne par intermittence. Les galeries étant laissées ouvertes, la mine est livrée au pillage. Si elle ne contient plus de cuivre, elle recèle en effet une extraordinaire richesse : plus d'une centaine de micro-minéraux dont les minéralogistes du monde entier connaissent l'intérêt scientifique.
1984
Les maires des communes du Pradet, de la Garde et de Carqueiranne sont conscients de l'intérêt culturel et historique que représente un tel site sur leur territoire. De plus, la qualité exceptionnelle de l'environnement incite les autorités locales à protéger et à mettre en valeur ce patrimoine d'intérêt national et européen. La mine est en effet située au coeur d'un massif boisé de 300 hectares particulièrement protégé. Les trois communes propriétaires des lieux se constituent en Syndicat intercommunal et décident de fermer la mine pour faire cesser le pillage, mais aussi pour des raisons de sécurité.
1990 Le Syndicat fait réaliser des travaux intérieurs de mise en sécurité. Salles et galeries sont consolidées sur 4000 m2 de superficie. Une issue de secours est créée. La décision est prise de réaliser un parcours de 300 mètres et des salles d'exposition à l'intérieur de la mine.
9 juillet 1994
Le Musée de la Mine est inauguré.
ENFONCONS-NOUS PLUS LOIN =
Ci-dessus : veines d'azurite et surtout de malachite dans la roche. On voit parfaitement une stalactite de malachite sur la photo du bas.
Les vitrines aux minéraux du monde entier :
Objet d'art, portes, hublots, ....
... voiturette de pompier ...
... accessoires pour la marine ...
... cloches, cuves pour distillerie, rouleau d'imprimerie (celui-ci a été offert à la mine pour son ouverture en 1994. Les pages de Télé7jours sont gravées sur le tube) ...
Si vous passez dans notre belle région, je vous conseille cette visite fort intéressante pour petits ou grands !!!