"AU FIL DE L'EAU" A LA VALETTE DU VAR (PREMIERE PARTIE)
Dans un post précédent vous aviez pu admirer le pont Sainte-Cécile. Aujourd'hui, nous partirons nous balader en suivant la Foux ** (ancien cours du Valat Vieux) pour remonter jusqu'à sa source, la maïre (mère) des eaux.
**Foux : nom donné à la source la plus importante dans une localité provençal.
Mon village, nommé la « vallée heureuse » ou Vallis Laeta, du temps des romains, puis « Bourg de vallée » en 1262, « Val » en 1287 et enfin LA VALETTE de nos jours., est situé dans une vallée entre les monts Faron et Coudon et regorge de vestiges du passé.
Je commencerai donc par ce qui est le plus vital :
L'EAU !
Idéalement « arrosée », La Valette, véritable cuvette géologique, a su utiliser ce précieux liquide pour alimenter les fontaines, les moulins (farine et huile), donner à boire aux troupeaux, arroser les jardins privés, permettre aux bugadières (lavandières) de laver leur linge, ….. mais également pour les cultures : maraîchères, fraises (dès le XVIIe siècle), asperges, cresson puis violettes, …
L'association "Les Amis du Coudon" a entretenu et remis en état ce fil de l'eau qu'il est fort plaisant de suivre en nous imaginant dans le contexte si difficile du passé où il n'y avait pas de compteur d'eau à la porte ….... !
Pour étayer mon message, je me suis servie de plusieurs documents municipaux, de photos prises lors d'une balade « au fil de l'eau » faite en 2004 grâce à l'associaton précitée et du livre « LA VALETTE. Vieux village de Provence. » écrit par Monsieur Pierre BEL (érudit valettois) dans les années 30.
J'y ai puisé d'intéressants renseignements sur l'histoire de l'eau dans mon village et vous les livre ici.
Notre point de départ : le pont Sainte-Cécile (1 SUR LE PLAN CI-DESSOUS).
Ce
vétéran, comme le nomme Laurent Germain (deuxième moitié du XV e siècle) enjambe la Foux à l'endroit où elle se jette dans le
ruisseau de la Beaume.
SITUONS-NOUS :
UN CLIC !
« Frédéric Mistral fait dire à l'un de ses personnages « Si la Provence n'avait pas le mistral (vent desséchant et violent), elle serait trop riche ! ». Dans nos régions, un palliatif à la sécheresse a été trouvé... C'est la captation des sources qui fécondent sous le bon soleil nos terres de jardins.
La
« vallée riante », de moins en moins visitée par les
régulières ondées du ciel, comme toute la région méditerranéenne,
possède heureusement un fonds inépuisable d'eau." P. Bel.
Au passage, un regard sur le héron de Mr. Paboudjian.
En voici un perché sur un pin face à la Malakyte. Il reprend son souffle puis va repartir pour voler quelques poissons dans les bassins du Domaine d'Orves ....
Empruntons le petit chemin de terre de la Roubine ...
Canalisée, la Foux bouillonne ...
Resserrée, elle laisse le cresson, le maceron, les héliotropes, les nombrils de Vénus et les fougères l'envahir ...
Des héliotropes en fleurs ...
... dont les feuilles, par leur forme, servaient à entourer les violettes pour en faire de jolis bouquets !
... Nombril de Vénus (Umbilicus rupestris Dandy) ... Les feuilles sont excellentes à manger crues mais SURTOUT NE PAS MANGER LA FLEUR !
... maceron ...
"Le maceron est une plante herbacée bisannuelle de la famille des Apiacées, parfois cultivée comme plante potagère pour ses feuilles et ses jeunes pousses consommées comme légume ou utilisées pour aromatiser les mets. Il est aussi apprécié pour sa racine tubérisée." WIKIPEDIA.
Dans les jardins alentour, de bien beaux mimosas !
Nous atteignons déjà les contreforts de la serve des Icards (XVIe siècle).
A hauteur de l'avenue de la Libération, une jonction fut faite entre le Valat Vieux (cours naturel de la Foux) et le lit artificiel qui alimentait le Moulin Neuf (disparu) et les canaux des jardins.
En bordure des résidences –
autrefois terres de culture – on observe les canaux parallèles et
leurs martelières qui permettaient de détourner la Font deis horts
(la source des jardiniers) pour arroser les champs de cresson :
Une encoche de martelière qui, ouverte, permettait la distribution des eaux d'irrigation des jardins privés à partir du chenal d'amenée de la Foux.
"Une réglementation pour les arrosages se fit en 1847, époque où la commune constitua l'actuel syndicat.... Ainsi la commune est propriétaire des constructions et des fontaines ; le syndicat distribue les eaux d'arrosage par l'intermédiaire d'un « ménadour ». …...... Dès la première nomination du seigneur de Baudouvin, Elion de Glandevès, seigneur de La Garde et Falcon (ou Faucon), les syndics valettois protestèrent contre lui parce qu'il « troublait les usagers dans leur traditionnelle habitude ». Une sentence sur compromis intervint le 10 mars 1439 et fut reçue par Me Decoreis, notaire à Toulon. Le seigneur Glandevès dût reconnaître les droits des habitants de La Valette sur l'entière possession et la jouissance des eaux de La Foux. Il déclarait « autoriser ceux d'entre eux qui le pourraient à en tirer tel profit comme bon leur semblerait pour les arrosages de leurs terres ». P. BEL.
Quant à cette grande martellière mécanique, elle sert à laisser se déverser le trop-plein de la serve.
L'eau était superbement lipide et permettait d'admirer les poissons ...
... dont cette énorme carpe (?) ...
L'eau mouvante en faisait un monstre scintillant !
Un grenadier "pelé" mais une grenade entière ...
... un nid dans un margousier ...
... ??? ... Pouvez-vous me donner le nom de cette plante ? MERCI !
Lierre en graines.
Nous arrivons au Jonquet des bugadières (lavandières).
A notre gauche, la "font dei Lent" ou Font de Jeanne (fontaine) :
La fontaine Jeanne (gravée de l'année 1661)
A l'époque (1345), à la place du domaine de Baudouvin, il n'y avait qu'une modeste bergerie. On raconte que la reine Jeanne, se promenant au lieu dit "L'Olivette" parmi les ajoncs, trouva l'endroit si charmant qu'elle voulut y laisser le souvenir de son passage. Elle y fit construire une fontaine et un abreuvoir pour les troupeaux de la région.... Plus tard, des canalisations furent creusées (1548 et 1659) pour l'arrosage des jardins. En passant près d'elle, on peut encore entendre le chant des bugadières et leurs coups de battoirs....
Le "Ruisseau Chantant" (nous le devons aux "Amis du Coudon"), longe le domaine de Beaudouvin et la grande allée de platanes. Il part d'un grand bassin dont la surverse s'écoule en petit ruisseau. Il est jalonné de minuscules cascades dont chacune diffuse un murmure différent et plus la chute est haute, plus la résonance est aigüe. D'où le joli nom de ce ruisseau ...
L'ancien pigeonnier restauré, tout proche de la maïre des eaux.
La maïre (mère) des eaux (1612).
Elle est bien à l'abri dans une cave voûtée. Les eaux de pluie venant du mont Coudon y résurgent et elle ne tarit jamais. C'est à partir de cette source mère, par une canalisation en grès vernissé, qu'étaient alimentées toutes les fontaines de La Valette. Le surplus s'écoulait en ruisseau servant à l'arrosage des jardins, au remplissage des serves et des bassins qui permettaient aux bugadières d'y laver leur linge.
Le petit viaduc qui descend à droite de l'avenue Sainte-Cécile en descendant vers le coeur de ville.
La deuxième partie de "AU FIL DE L'EAU" se rapportera aux moulins valettois (ou à ce qu'il en reste).
Anciennes voûtes du moulin de Baudouvin au rond-point du même nom.
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Je dédie ce post à tous les valettois et espère n'avoir pas commis trop d'erreurs ...
CORRIGEZ-MOI en postant un commentaire !!!