BARJOLS ET SES FONTAINES (VAR)
BALADE DANS UN JOLI VILLAGE PROVENCALE AVEC UN CIEL BLEU POUR NOUS REVIGORER EN HIVER !
C'était en octobre 2009 et le ciel était bleu. Nous avions décidé de faire une grande balade et de visiter Barjols situé aux Portes du Haut-Var en pays de la Provence verte. On l'appelle la "Tivoli provençale" en raison du nombre impressionnant de fontaines et de lavoirs qui s'y trouvent (28 fontaines et 15 lavoirs).
J'ai eu la chance de trouver sur le Net un site extrêmement bien fait entièrement consacré à ce village. Ainsi, pour étayer ce message, j'ai envoyé un mail à l'auteur en lui demandant de bien vouloir me permettre de poster certaines de ses photos et surtout de me servir de ses textes. Voici sa réponse =
"Votre message me fait grand plaisir car l’essentiel n’est-il pas de partager ce que l’on aime et en particulier Barjols… et les Barjolais (ses) qui me procurent beaucoup de joie chaque fois que je leur rends visite (2 à 3 fois/an) et ceci depuis plus de 40 ans… Aussi pour promouvoir Barjols, n’hésitez pas à extraire du site photos et textes pour votre blog et ainsi de mieux faire connaître à vos amis(ies) Barjols, charmant petit village provençal qui tente de survivre par le tourisme après l’industrialisation des tanneries et la délocalisation de ces dernières dans les années 1970-1980." http://eugene.tanniou.free.fr/barjols/
Je tiens tout particulièrement à remercier ici ce charmant monsieur.
LA FONTAINE RAYNOUARD
La fontaine "champignon" Raynouard. C'est la première que j'ai vue en alors que nous nous garions et j'ai été fort séduite.
Barjols a eu la bonne fortune d'être, depuis fort longtemps, alimenté en eau potable. En effet, dans un document daté du 24 mars 1906, il est écrit : que Barjols, depuis plusieurs siècles, était doté d'une canalisation en poterie. C'est pourquoi tous les quartiers avaient une ou plusieurs fontaines et/ou lavoirs, mais il est difficile de préciser les dates. La plus ancienne qu'il ait été relevée, est celle de 1784, gravée sur la fontaine du "Pont d'Or". En 1894, dans ce même document, il est écrit que la distribution en poterie dans le village a été remplacée par une tuyauterie en fonte. La même année la conduite d'amenée de 1800m de long, logée dans un souterrain, a été refaite avec des tuyaux en grès. Depuis cette époque, tous les Barjolais pouvaient donc bénéficier de l'eau courante. Il y avait en 1906 environ 32 fontaines publiques dont une dizaine à plusieurs jets. Il y avait aussi environ 125 concessions aux particuliers et aux usines dont une très importante pour la gare. Les diverses municipalités ont par la suite veillé à l'entretien et à la remise en état d'un grand nombre de ces fontaines et de ces lavoirs : c'est la raison pour laquelle on en dénombre de nos jours 28 fontaines et 15 lavoirs. http://eugene.tanniou.free.fr/barjols/real03.htm
Le calcaire et le temps ont dégradé peu à peu la statue qui est devenue informe. L'Homme a donc retaillé dans la masse et sans avoir besoin de beaucoup, il en a fait ce "champignon".
Nous devons cette fontaine à Mr Raynouard Amable Toussaint (orthographié Raynouard jusqu'à la récente restauration de la fontaine en 2005), né à Barjols le 6 septembre 1831 et mort à Toulon le 26 février 1903. Ancien directeur des Ecoles Municipales et ancien professeur de lycée, il légua à la commune de Barjols la somme de 10 000 F pour la construction d'une fontaine monumentale sur la place de la Rouguière à condition qu'elle porte son nom. C'est en 1906 que Jules Récubert (1874-1949), célèbre sculpteur barjolais, présenta un projet que le Conseil Municipal adopta le 20 mars 1906.L'oeuvre fut achevé en 1906 ou 1907. Elle se composait d'une statue représentant un faune se prélassant dans une conque où l'eau ruisselait abondamment au milieu d'un feuillage finement sculpté. Cet ensemble supporté par une colonne entourée d'un grand bassin circulaire alimenté par des jets d'eau et ceinturé par des rosiers bordant un parterre fleuri. L'artiste, nous le supposons, a voulu fêter dans son oeuvre l'abondance de l'eau à Barjols. Hélas, peu à peu les dépôts calcaires ont recouvert le faune. Le gel et le dégel ont effrité la pierre trop tendre. On dût tailler le bloc devenu informe pour lui donner une apparence plus attrayante. La main de l'homme a donc taillé le dépôt formé par le calcaire contenu dans l'eau et lui a donné cette forme. D'ailleurs de temps en temps la taille est obligatoire afin qu'il ne devienne trop volumineux et ainsi lui assure un équilibre (la comparaison "hier-aujourd'hui"). Il semblerait que la première fontaine qu'il y eut à cet endroit fut construite à la suite d'une décision du Conseil Municipal du 30 juin 1833. et reconstruite par décision du même organisme du 30 juin 1844. http://eugene.tanniou.free.fr/barjols/real03.htm
MARCHONS NEZ AU VENT =
"LE CHAMPIGNON"
La seconde fontaine "champignon" dont on ignore la forme initiale
J'ai eu plaisir à la voir non pas glabre mais magnifiquement moussue !
FONTAINE ET LAVOIR CAPITAINE VINCENS
Ce capitaine fut un valeureux combattant barjolais mort pendant la Grande Guerre.
Le lavoir où les reflets - telle une laque, sont changeant selon l'heure ...
Cette photo m'a rappelée une chanson de mon enfance :
L'EAU VIVE de Guy Béart
Ma petite est comme l'eau, elle est comme l'eau vive
Elle court comme un ruisseau, que les enfants poursuivent
Courez, courez vite si vous le pouvez
Jamais, jamais vous ne la rattraperez
Lorsque chantent les pipeaux, lorsque danse l'eau vive
Elle mène les troupeaux, au pays des olives
Venez, venez, mes chevreaux, mes agnelets
Dans le laurier, le thym et le serpolet
Un jour que, sous les roseaux, sommeillait mon eau vive
Vinrent les gars du hameau pour l'emmener captive
Fermez, fermez votre cage à double clé
Entre vos doigts, l'eau vive s'envolera
Comme les petits bateaux, emportes par l'eau vive
Dans ses yeux les jouvenceaux voguent à la dérive
Voguez, voguez demain vous accosterez
L'eau vive n'est pas encore à marier
Pourtant un matin nouveau à l'aube, mon eau vive
Viendra battre son trousseau, aux cailloux de la rive
Pleurez, pleurez, si je demeure esseulé
Le ruisselet, au large, s'en est allé.
CHANTEZ-LA AVEC MOI !
Mais continuons notre promenade. De part et d'autre de la place Victor Hugo, deux ruelles pentues nous conduisent sur les hauteurs où se trouvent le château et le quartier du Real.
A deux pas de la place, un immense et vénérable platane centenaire fait notre admiration !
LE QUARTIER DU REAL
Le texte ci-dessous provient de la brochure "le quartier du Réal" de P.H.Vaillant (1988) :
« Ce quartier doit son nom au cours d'eau qui le traverse "le Biez dit Ruisseau des Ecrevisses" car en provençal 'réal' signifie ruisseau (du latin rival). Dans le Petit Robert, 'réal' veut dire 'royal'; dans les récits historiques, la galère réale est la principale galère destinée au Roi, à l'amiral. Pourquoi le plus ancien quartier de Barjols s'appelle-t-il le Réal ? Est-ce le Réal, le ruisseau qui a toujours alimenté en eau cette partie du village ? Ou est-ce le 'chemin royal' qui monte au château, demeure des comtes de Provence ? » http://eugene.tanniou.free.fr/barjols/real03.htm
Barjols, ville d'eau, a été durant près de trois siècles la "capitale française du cuir" avec 24 tanneries, 19 moulins à tan, 3 papeteries, une blanchisserie, un moulin à foulon. La dernière tannerie a été fermée en 1983. Aujourd'hui les grands bâtiments des tanneries servent de lofts ou d'atelier à une importante communauté d'artistes.
Croquis ci-dessus et deux photos ci-dessous = http://eugene.tanniou.free.fr/barjols/real03.htm
Le délabrement de ce quartier avait été constaté depuis de nombreuses années et c'est fin 1975-début 1977 que la municipalité de l'époque fut la première à étudier sa rénovation. Elle écrivait "les activités sont aujourd'hui disparues du quartier. Les maisons adossées à la falaise de tuf ont à peu près toutes disparues. Le centre du quartier est écroulé". A partir de ce constat, elle proposait deux actions complémentaires : une aide aux propriétaires bailleurs et aux occupants dans le cadre d'une opération programmée, une intervention directe de la municipalité pour ces actions à réaliser dans ce quartier. C'est la municipalité suivante qui, à partir de 1979, s'est attachée à la réalisation de ce projet : d'abord en négociant avec l'Etat et l'ANAH (Agence Nationale pour l'Amélioration de l'Habitat) la restauration des logements anciens, ensuite en effectuant le débroussaillage et le nettoyage général du site et de son aménagement. C'est dans la cadre de la formation professionnelle que deux "chantier-école" organisés par l'AFPA et l'ANPE ont entrepris la rénovation de ce quartier : le premier du 26 juin au 3 octobre 1987 avec une équipe de 25 stagiaires composés essentiellement d'anciens tanneurs mis au chômage à la suite de la fermeture des tanneries, le second de novembre 1987 à mai 1988 avec moins de personnel. La poursuite de la rénovation a été l'oeuvre des employés municipaux conjointement avec l'entreprise Dauphin-Fourdrain jusqu'à la fin juin 1988.
Ce travail avait pour but principal de doter le village d'un site historique-touristique sur l'emplacement même de l'ancienne cité médiévale de Barjols. Un travail de fourmis a été réalisé chaque jour et pendant de nombreux mois, pour creuser, déblayer, étayer, niveler, consolider les vestiges d'autrefois qui étaient mis au jour, les ruelles étroites ne permettant pas aux engins modernes de terrassement d'accéder aux différentes plates-formes du chantier : c'est à la pelle et à la pioche que les stagiaires ont travaillé. Au fur et à mesure de l'avancement des travaux, les traces du "passé" surgissaient. Le quartier n'a pu voir sa vocation artisanale s'établir qu'après la destruction des remparts, car ce n'est qu'à partir de ce moment là qu'il a été possible d'aménager le Biez des Ecrevisses et en profitant de la déclivité du terrain, d'y installer de nombreuses roues à aubes qui permettaient de faire tourner (Girardin 1754) quantité de moulins à huile, à papier, à blé et trois foulons à draps. http://eugene.tanniou.free.fr/barjols/real03.htm
NIVEAU INFERIEUR
Niveau inférieur : à gauche deux belles arcades (8) qui contenait, jadis, les presses du moulin à huile; il aurait fonctionné jusqu'en 1922-1925, c'est-à-dire, jusqu'à la création de la coopérative vinicole et oléicole. Aujourd'hui elles contiennent deux magnifiques fresques et le texte de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen. Deux voûtes (9) perpendiculaires l'une à l'autre et contigues : dans la plus grande il y avait une roue à aubes laquelle produisait la force motrice qui faisait tourner les meules du moulin. Ces meules ont été récupérées et l'une d'elles est posée contre le mur du fond. A droite des voûtes, une des plus belles fontaines de Barjols a été aménagée avec une cascade de chaque côté (10) d'après un plan d'ensemble de Mrs Ciro Nironi et Dubecq. http://eugene.tanniou.free.fr/barjols/real03.htm
Les ruines du château (construit en 983) et le Biez surnommé "Ruisseau des Ecrevisses"
Déclaration des Droits de l'Homme dans la niche d'un ancien pressoir à huile
NIVEAU CENTRAL
Croquis ci-dessus et photo ci-dessous = http://eugene.tanniou.free.fr/barjols/real03.htm
Niveau central : à gauche l'entrée d'un souterrain (5) qui s'enfonce sous la rue du Château. Au fur et à mesure que l'on pénètre sa hauteur diminue et son 'aboutissement' est inconnu actuellement...peut-être arrive-t-il à la grande salle voûtée dont il est fait allusion précédemment ? En face une grande voûte (6) contenant de nombreux bassins et au fond, sur le côté droit, surgit de la roche un jet d'eau qui devait, jadis, entraînait une roue à aubes comme sur le niveau supérieur. Cela devait être l'emplacement d'une autre tannerie ou mégisserie. Sur la droite, il y a une autre petite voûte avec son bassin et une autre cascade. http://eugene.tanniou.free.fr/barjols/real03.htm
NIVEAU SUPERIEUR
Croquis ci-dessus, photo et texte ci-dessous = http://eugene.tanniou.free.fr/barjols/real03.htm
Niveau supérieur : avec un bassin encastré dans le mur qui reçoit l'eau de deux cascades superposées (1); c'est l'eau du Ruisseau des Ecrevisses. Sur la gauche, une roue à aubes (2) qui a été reconstruite à sa place originelle; que faisait-elle tourner ? un foulon, un moulin...Puis une grande voûte (3) creusée dans la falaise avec à l'intérieur de nombreux bassins qui servaient probablement à une tannerie ou plutôt à une mégisserie pour le traitement des peaux de moutons car les bassins sont de petites tailles. Enfin il y a trois ouvertures (4) creusées dans le rocher; la première et la troisième devaient faire office de bassins et dans la deuxième, il y a des escaliers qui descendent vers l'intérieur et qui aboutissent dans une grande salle voûtée non encore déblayée. http://eugene.tanniou.free.fr/barjols/real03.htm
Roue à aube entraînant un fouloir XVIe siècle
COLLEGIALE NOTRE-DAME DE L'ASSOMPTION
L’église Notre Dame de l’Assomption de BARJOLS, fondée en 1014, est élevée au rang de Collégiale en 1060. C’est l’une des plus anciennes du Diocèse. Le chœur et le chevet ont été reconstruits au Xlllème siècle, tout comme la nef et les collatéraux au XVIème siècle. La grande nef fait 43 mètres de long sur 9 m de large, la clé sous voûte est à 15,40 m de haut. Elle est classée monument historique entre 1912 et 1979. http://www.barjols.fr/spip.php?article88
A l'époque, je n'avais pris que cette photo et je le regrette car il doit y avoir bien d'autres merveilles à immortaliser. Ce sera pour notre prochaine balade. Nous avons d'ailleurs prévu de nous y rendre pour une visite plus complète dans les semaines qui viennent, attendant un temps plus ... clément !