LES VENDANGES SONT POUR BIENTÔT AVEC UN PEU DE NOTRE PROVENCE
LES VENDANGES SONT POUR BIENTOT !
"Vigne"
vient du latin Vitis Vinifera (vigne porteuse de vin). Sur le
littoral varois, les vendanges se font en général début
septembre (temps plus clément et ensoleillé) et pour le
Haut Var jusque fin octobre.
F. Mistral l'écrivit : "Nu
et gaillard comme un lutteur, quand Bacchus vient et des fouleurs
conduit la farandole aux vendanges de Crau ; et du fouloir empli
quand la boisson bénie sous les jambes poissées de moût
dans l'écumeuse cuve se déverse à plein trou,
alors en terre de Provence c'est plus que jamais la fête."
et
il est vrai qu'encore de nos jours tous les membres valides de la
famille ne manqueraient pour rien au monde ce grand évènement
qui est un moyen de se retrouver, de blaguer tout en travaillant dur,
le dos courbé durant des heures.
Le seul souci du vigneron
est "le
temps qu'il fera demain"
car s'il pleut la terre deviendra boue et les pieds s'enfonceront
jusqu'aux chevilles, fatiguant le cueilleur et l'obligeant à
arrêter son travail.
Tous les viticulteurs font partie d'une
coopérative (regroupement de propriétaires de vignobles
qui ont des parts en rapports avec la production possible de chacun.
(Exemple : 4 parts = 20 hectolitres de vin soit 1000 pied de vignes
environ). La coopérative décide, après
échantillonage et analyse au mustimètre dans diverses
orientations de son aire, si les vendanges peuvent commencer en
fonction de la maturité de la grappe. Le vigneron reçoit
un calendrier de vendanges qui détermine les dates de chacun
des groupes de vendangeurs et les qualités de raisins à
cueillir en priorité : le raisin vert (minimum 8°) qui
mûrit plus vite (vin blanc) puis le raisin rouge pour vin rouge
(fermenté avec sa peau) et rosé (fermenté sans
sa peau).
Les mystères du cheminement et de la
transmutation du moût en vin durent huit mois environ.
Le
raisin est transporté dans une benne tirée par un
tracteur qui achemine son chargement à la coopérative.
A chaque voyage une pesée est effectuée ainsi que le
contrôle du degré du raisin. Ce contrôle est très
important pour le vigneron qui est payé sur la moyenne
hecto/degré du moût au mois de juillet de l'année
suivante sur 18 mensualités. Le raisin va au fouloir qui
écrase les grappes puis à l'égrappoir qui sépare
la pulpe de la rafle (tige). La fermentation peut commencer. Le "jus"
fumant, écumant, pétillant pique le nez et chauffe les
cuves de fermentation. Le "vin" macère 4 à 5
jours après avoir été traité par
Anhydride sulfureux pour stopper la "mauvaise fermentation".
On procède ensuite à plusieurs débourbes (le jus
de cuve est enlevé laissant le dépôt au fond).
Des levures sélectionnées sont introduites dans les
cuves pour que le "vin" redémarre en fermentation
saine. On procède à de nombreux écumages pour
récupérer les dépôts et à des
filtrages pour clarifier le "vin".
L'oenologue qui
surveille la "préparation" du vin décide, en
fonction de la couleur et de la dégustation, de la mise en
bouteille et de l'appellation : "Consommation Courante",
"Côte de Provence", "Cuvée Spéciale",
etc...
Le cours du vin varie tous les jours et est fixé par
"La Mercuriale" qui se trouve à Sète,
Narbonne, Brignoles, Avignon...
Ainsi, à
présent, en dégustant votre vin vous penserez comme moi
que "la chose" n'est pas si simple à réaliser...
! Elle requiert une discipline tout au long de l'année, une
grande technicité et beaucoup de sueur.
"Le vin est
tiré, il faut le boire !" : je lève donc mon verre
à tous les vignerons pour leur témoigner ma sympathie
et mon admiration !
Tu souffles en
rafales, tu grondes, tu tourbillonnes mais, "balayeur du ciel",
tu nettoies l'azur et il prend une teinte particulière,
éclatante, aveuglante. Tu laves l'espace et tu salies les
cours. La Méditerranée s'assombrit et roule sous ta
poussée, se chargeant d'écume. L'eau et l'air
deviennent plus frais. Tu nous aides à supporter la canicule.
Nous t'espérons pour tout cela ! Oui, mais ... nous te
craignons pour tes "méfaits". Quand tu arraches tout
sur ton passage : tuiles, branches, feuilles ... et surtout quand tu
attises le feu dans les forêts ! Tu es le bien et le mal tout à
la fois et on t'espère quand le ciel est gris mais on compte
les jours quand tu persistes ... Trois, six, neuf... Voilà
déjà six jours que tu souffles à plus de 80
km/heure parfois. Les portes claquent, la poussière entre dans
la maison, mes cheveux se décoiffent, les boujies s'éteignent
... Mon jardin est asséché par ton élan et les
feuilles jonchent le sol. Cependant nous t'aimons "Mistral"
car sans toi la Provence ne serait pas ce qu'elle est : le pays du
soleil, du vent et des cigales !!!
P.S. : assise dans mon fauteuil
sous le mûrier, "j'écoute" le bruit du vent
dans les feuilles. Je n'avais jamais remarqué que selon
l'espèce elles émettaient un son différent :
celui du mûrier est grave et le noyer "tinte" comme
du cristal !
Les romains l'appelaient Maestral, Magister en latin (Maître). Le mistral est un vent fort et turbulent qui souffle du nord vers le sud et peut atteindre 200 km/h. Il est provoqué par de hautes pressions sur le Massif Central et de basses pressions sur la Méditerranée. Ces différences de pressions atmosphériques déterminent sa puissance qui est accrue par son passage dans l'étranglement produit par le Massif Central et les Alpes. On voit parfois dans nos campagnes des pins et oliviers penchés. Maestral est passé par là ! Frédéric Mistral écrivait dans "La Provence sous le mistral" : le mistral souffle ... écoutes-le, quelle tempête ! Où va-t-il et d'où vient-il ? tu es pour nous un vrai fléau et pourtant nous t'aimons, roi des vents.
J'ai eu envie de
vous faire partager mon attachement à la Provence et voici le
seigneur des lieux : l'olivier. Ses petites feuilles d'un vert bleuté
nous font une ombre délicate et l'huile que l'on tire de ses
fruits est un régal pour le palais.
Originaire d'Asie
Mineure, l'olivier se propage en Grèce, en Espagne, en
Provence,... 800 ans avant notre ère. On admet que les colons
phocéens, venus fonder Massalia (Marseille), léguèrent
à la Gaule ce précieux cadeau. L'olivier produit des
fruits jusqu'à 150 ans environ. On dit même à La
Valette du Var, dénommée jadis par les Romains "Vallis
Laeta" (vallée joyeuse), qu'il y aurait un olivier
millénaire dans cette commune.
Ce bel arbre, à l'instar de la vigne, nécessite des soins attentifs, presque affectueux. Il est cultivé pour son fruit et l'huile qu'on en extrait.
La cueillette de l'olive se fait à la main et sur l'arbre. Dans les environs de Toulon, vers 1850, le ramassage des olives s'accomplissait ainsi : le jour venu pour la cueillette de l'olive, vers la Toussaint, les propriétaires d'olivaies se rendaient sur la place du village et recrutaient des hommes (aquanairé) munis de longues et minces tiges de roseaux, des femmes et des enfants (ramassuzos = ramasseurs). Les ramasseurs rejoignaient l'olivette et étendaient sous chaque arbre une grande toile. L'homme grimpait et faisait tomber les olives à l'aide de sa gaule.
Les femmes et les enfants ramassaient les petits fruits au sol et les plaçaient dans des paniers d'osier (panié ou canestello). Tous ces gestes étaient faits dans la joie et en chantant. Une coutume voulait que si d'aventure quelqu'un passait sans proposer aux cueilleurs de leur donner un coup de main, il se voyait barbouiller d'olives bien mûres... Pour le consoler, on lui donnait le droit d'embrasser la cueilleuse d'olives de son choix ! Il va sans dire que bon nombre de jeunes gens faisaient semblant d'ignorer les usages !!!
La récolte terminée, elle était portée au moulin à dos d'ânes où les pressiers (travailleurs du moulin) déversaient, après un tri sévère, les olives dans le réceptacle où la lourde meule de pierre allait les écraser. La pâte ainsi obtenue était ensuite étalée (fourrée) sur plusieurs socles ronds de corde tressée (les couffes) empilés sur la presse. Les pressiers tournaient alors la vis à l'aide d'un levier long et solide pour que la presse rende jusqu'à la dernière goutte d'huile (ce que l'on appelle encore aujourd'hui la "première pression à froid").
Après décantation (l'huile étant plus légère que l'eau elle remonte en surface), le dernier "jus" était déversé dans des jarres de terre cuite émaillée. La pâte sèche et noire (grignon), vidée de sa liquide substance huileuse, sert toujours à faire le savon "de Marseille" ou le savon "à l'huile d'olive".
A l'heure où vous lisez ces lignes, les particuliers pratiquent de la même manière pour leur récolte ! Quant aux moulins, ils se sont modernisés mais ont gardé le principe de base. La meule est actionnée grâce à l'électricité et la presse est hydraulique.
P.S. : il faut 100 kg d'olives pour donner 12 litres d'huile vierge !